Parmi tous les termes qui accompagnent la prise de conscience de l’urgence écologique, il y en a un qui revient souvent dans la bouche des amateurs de bricolage ou de bâtiment écologique : c’est le mot « low-tech ». J’ai voulu rédiger cet article après être allé visiter l’expo du Low-Tech Lab qu’ils ont réalisé à la suite de leur Tour de France des initiatives low-tech.
Mais qu’est-ce que la low-tech?
Ne vous laissez pas impressionner par ce mot anglais (qu’on pourrait traduire par basse-technologie), la low-tech est simplement un parti pris philosophique quant à la manière de résoudre les problèmes fonctionnels du quotidien, tels que “chauffer l’eau”, “conserver les aliments”, “générer de l’électricité”. Il s’oppose à la high-tech dans la mesure où, quand on fabrique en low-tech, on évite de faire appel à la technologie de pointe, à l’accumulation de systèmes complexes, aux métaux rares, au numérique. On privilégie les matériaux locaux, les systèmes compréhensibles et intuitifs, montables par une personne motivée mais pas forcément experte en électronique… Bref, c’est une sorte de bricolage particulièrement astucieux !
En France, de jeunes ingénieurs ont monté, depuis quelques années, un programme de recherche dont le but est de dénicher, documenter en open-source et diffuser le plus d’inventions low-tech possible : c’est le low-tech Lab.
Des technologies à visage humain
La low-tech présente plusieurs intérêts de taille pour l’époque à laquelle nous vivons.
D’abord, la low-tech fait parti de la mouvance écologique. En effet, par son choix d’éviter de faire appel aux technologies numériques, la low-tech nous libère ici de notre dépendance de plus en plus importante aux métaux rares (comme le Germanium, le Lithium ou le Cobalt), qui sont nécessaires à la fabrication des ordinateurs, tablettes, serveurs etc.
Dans le même esprit, la low-tech, dans la mesure où il engage les gens à faire avec les moyens du bord, amène souvent à être créatif et à faire usage de matériaux de réemploi.
Ensuite, la low-tech présente un intérêt pour la personne qui fabrique, puisque celle-ci recueille les fruits de ce parti prit : la fierté d’avoir réalisé soi-même son objet, la satisfaction de comprendre comment il fonctionne et de pouvoir le réparer seul.
Par ailleurs, la low-tech porte en soi la notion de durabilité. Faisant appel à des matériaux simples et remplaçables, il est envisageable, quand on fabrique en low-tech, de garder l’objet très longtemps et de pouvoir le transmettre sur plusieurs générations, ce qui est très rarement le cas de la high-Tech.
Enfin, la low-tech permet de répondre à une problématique fonctionnelle de manière moins coûteuse que la High-Tech. Même si la fabrication de l’objet peut requérir quelques investissements limités, son usage est très sobre en consommation et donc en frais.
Quelques exemples en images :
- Un frigo du désert = 2 heures de travail + 2 euros
- Un chauffage solaire = 2 jours de travail + 200 euros
- Un poêle de masse = 5 jours de travail + 300 euros
Des perspectives pour l’habitat ?
Comme la fabrication low-tech trouve, la plupart du temps, son application dans les équipements de la maison (frigo du désert, éolienne Piggott, four solaire…), quand on voit la part des équipements que représentent les objets comme un four, un frigo ou une chaudière, dans l’empreinte carbone d’une personne, on se prend à rêver que les industriels et les commerçants s’emparent de ces astuces et développent des modèles techniques et économiques viables pour démocratiser l’équipement low-tech.
Pour l’instant, cela reste une initiative à l’échelle de l’individu mais aussi du Low-Tech Lab qui va monter toute une petite maison en low-tech en 2019, à titre de démonstration ! Rendez-vous dans quelques mois pour aller voir ça…
- Habitat léger 35m² = 1 mois de travail + 10 000 euros
Goeffroy.
Merci pour cet article qui nous rappelle qu’en tant que prescripteur nous avons aussi un rôle à jouer afin d’amener les gens vers des solutions plus simples.
C’est certainement un domaine mal connu par les professionnels mais qui mérite toute notre attention et sur lequel je manque encore de beaucoup d’informations pour en proposer la démarche. L’initiative du labour est donc la bienvenue.
Merci pour votre retour en tant que professionnel. Je suis bien d’accord avec vous, tout cela reste loin de nous et c’est justement pour cela qu’il me semble fort intéressant de s’y pencher ! Ces initiatives trouvent toute leur place au sein de démarches éco-responsables comme les nôtres.